Bluegrass Boys

Ce sont des ‘boys du Kentucky’ qui ont gagné la frontière du nord pour la gloire et la fortune.

Ils sont maintenant de retour au pays du ‘bluegrass’ – et y vivent comme des rois.

Leurs compagnons d’écurie sont le fameux Cigar, gagnant de 9 999 815 $ durant sa carrière sur gazon; le double gagnant de la Breeders Cup, Da Hoss et l’étoile de saddlebred, CH Gypsy Supreme.

Qui sont-ils, vous demandez-vous? Ces deux célébrités équines aux telles relationsavec ces monstres sacrés sont Staying Together et Western Dreamer – les deux représentants standardbred au Kentucky Horse Park’s Hall of Champions.

Ils ont rencontré des milliers de visiteurs au fil des ans et leurs exploits ont maintes et maintes fois été visionnés grâce aux productions vidéographiques. Staying Together a été nommé Cheval de l’année en 1993 et sa victoire en 1:48.2 cet été-là, s’est révélée être le mille le plus rapide de l’histoire à être couru. Il a terminé sa carrière avec des gains de près de 1,7 M $ en banque. Western Dreamer a empoché 1,8 M $ pour ses efforts et a été le gagnant de la Triple Couronne des ambleurs en 1997.

Aujourd’hui, les deux jouissent de ce qu’on pourrait appeler du meilleur environnement de retraite possible pour la race équine. Ils reçoivent des soins de toilettage quotidiens, la meilleure nutrition et les meilleurs soins vétérinaires, et ils sont présentés et applaudis par les amoureux des chevaux partout au monde.

De façon régulière, Western Dreamer est amené dans l’arène pour être officiellement présenté au public en qualité de représentant de l’élevage Standardbred. Staying Together, quant à lui, est maintenant totalement aveugle. Ses soigneurs craignent que s’il devait entendre un bruit soudain alors qu’il est dans l’arène, il pourrait s’énerver et se blesser. Pour sa propre sécurité, il a donc plus de temps pour relaxer – se prélassant dans une stalle ayant déjà été habitée par de ses congénères tels Rambling Willie et Cam Fella.

Les deux appartiennent à des Ontariens – Staying Together à Robert Hamather de Exeter, et Western Dreamer aux frères Daly – Matthew, Daniel et Patrick – de Hamilton. Leur soigneuse, Cathy Roby, dit que les deux champions à la retraite reçoivent, de façon régulière, la visite de leurs propriétaires.

En écoulant leurs années d’âge d’or au Kentucky Horse Park, les deux chevaux hongres, ironiquement, sont ‘rentrés au bercail’ au vrai sens du terme. Les deux sont nés à quelques milles de là seulement, soit à Kentuckiana Farms. Staying Together est venu au monde le 16 avril 1989 et Western Dreamer cinq ans plus tard, le 25 avril 1994.

Staying Together

Staying Together (‘Stanley’) est un yearling acheté par Hamather qui a fait ses débuts en course à trois ans à Mohawk en avril 1992. Il n’a pas mis beaucoup de temps pour faire la démonstration de son extraordinaire talent à son entraîneur Jack Parsons, et son conducteur Ross Battin.

Il a gagné en 1:56.2 à la fin de mai, victoire qui s’est avérée la première d’une série de neuf en 10 départs, y compris un mille en 1:52.4 à Greenwood.

Stanley a poursuivi sur sa lancée, en vainquant les meilleurs ambleurs de son âge en Ontario, et a commencé à attirer l’attention d’hommes de chevaux bien avisés. Un qui a particulièrement remarqué cette vedette montante est Bob McIntosh, un membre du Temple de la renommée.

Au cours de cette année-là – alors que Western Hanover, Fake Left, et Carlsbad Cam couraient au sommet de leur classe d’ambleurs de deux ans – McIntosh répandait à qui mieux mieux qu’il y avait un trois ans qui courait à Toronto, qui, s’il était admissible à ces grandes courses, ferait les manchettes.

McIntosh aimait ce qu’il constatait chez Stanley et d’autres hommes de chevaux commencèrent à exprimer des avis similaires quand le cheval a vaincu des ambleurs tels Silver Almahurst en novembre avec un temps de 1:53.4. Deux semaines plus tard, il se mesurait à Camluck, le cheval de McIntosh – qui détenait alors la marque de 1:48.4 – et finissait deuxième dans une course ‘free-for-all’ à Mohawk.

Lorsque Camluck et Artsplace furent retirés de l’écurie de McIntosh à la fin de 1992, le propriétaire Hamather lui a remis les rênes de Stanley. « C’était déjà un cheval formé quand il m’a été confié, » admet McIntosh. « Nous avons relâché son mors de tête quelque peu et rallongé ses entraves. »

Stanley a fait le reste.

Après deux victoires à Greenwood, McIntosh amena le cheval à Meadowlands en mars, où il a gagné son premier départ avec un éblouissant temps de 1:50.1. Et mentionnons seulement qu’il a commencé à faire tourner les têtes. Le cheval hongre gagna 21 de ses 26 départs cette saison-là, souvent avec Bill O’Donnell sur le sulky.

À Meadowlands en juin, Stanley a couru le mille le plus rapide de l’histoire en amble et cela, à la dure – en faisant tout le travail lui-même en avant. Il a pris la tête à la demie en 53.1, et il a ensuite continué, passé au poteau suivant en 1:21 et filé droit à l’arrivée en 1:48.2 alors que Silver Almahurst et Cambest luttaient en vain pour le rattraper.

Une semaine plus tard, il a remis cela avec une victoire en 1:49.2. Puis le cheval hongre fut expédié à Chicago où il a gagné trois fois en une semaine au vieux Sportsman’s Park en 1:50.2. Stanley semblait invincible. Et, en quelque sorte, il l’était. Il n’a perdu qu’une seule de ses courses le reste de l’année.

Nommé Cheval de l’année 1993 en Amérique du Nord sur Pine Chip, Life Sign, Presidential Ball, et d’autres chevaux tout aussi remarquables, Stanley est revenu la saison suivante. En 1994, il a gagné six de ses 28 départs, et 262 250 $ -- non négligeable. Mais quelque chose n’allait pas.

« Ce n’était pas le même cheval, » se rappelle McIntosh. «Il avait perdu de son mordant. Il souffrait d’une sésamoïdite et cela se voyait dans ses performances. »

L’année 1995 ne l’a vu gagner qu’un seul de ses 11 départs, et il devenait de plus en plus évident que Stanley était prêt à rendre ses entraves. Sa retraite l’a amené à établir sa résidence au Kentucky Horsepark, où il arriva en bonne santé. Mais très vite il a développé une uvéite dans un œil, et peu après dans l’autre.

« Il semble que Stanley a des cataractes, mais là n’est pas le problème, » de dire Roby. « Il a perdu la vue graduellement, ce qui permit à ses autres sens de prendre la relève. Avec son tempérament, plutôt réservé, il a très bien pu s’adapter.

« Il obéit aux commandes vocales, » explique-t-elle. « S’il court dans son paddock, nous lui disons ‘Stanley, arrête!’ ou ‘Stanley, whoa!’ et il s’arrête net. Il y a une marche pour sortir de sa stalle, et nous disons ‘monte la marche’ ou ‘descends la marche’ et il obéit. »

Il est facile à garder, ajoute Roby, et il ne requiert aucune nutrition spéciale, bien qu’il faille surveiller sa nourriture pour prévenir toute prise de poids excédentaire. « Il adore les menthes, » dit-elle en riant. « Quand nous l’entraînions à obéir aux commandes vocales alors qu’il perdait de plus en plus la vue, nous le récompensions par des gâteries. Alors maintenant, il faut le surveiller parce qu’il vous mordillera les mains ou les poches à la recherche de gâteries. »

Bien que McIntosh ait entraîné plusieurs grandes vedettes de l’amble en carrière, celui-ci occupe une place particulière dans son cœur. « À bien des égards, Staying Together ressemblait à un ancien Standardbred – un peu ordinaire, » dit-il. « C’était un cheval brun uni et pas vraiment tape-à-l’œil, mais il avait grande allure et possédait beaucoup de vitesse. »

Western Dreamer

La première saison de Western Dreamer a été impressionnante à bien des égards – gagnant deux fois en 10 départs, décrochant un temps de 1:55.1 et des gains de 41 130 $. Mais c’était insuffisant pour le propriétaire George Segal (qui avait payé le yearling 50 000 $) pour justifier qu’il garde le cheval hongre dans son groupe d’ambleurs de puissance.

Le jeune cheval a donc été revendu à l’encan de Harrisburg à l’automne 1996 pour la somme de 125 000 $ et est devenu la propriété des frères Daly, qui l’on confié à l’entraîneur Bill Robinson. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour s’améliorer – il a gagné son premier départ par neuf longueurs en 1:54.3 à Mohawk.

Par contre, il était loin d’être parmi les meilleurs ambleurs de deux ans. Western Dreamer laissa échapper sept courses consécutives pour finir septième dans l’épreuve éliminatoire de la North America Cup. Il s’est par contre fait un ami quand il a rebondi pour s’accaparer la victoire de la course Consolation en 1:52 pour Mike Lachance. La paire fut pratiquement inséparable durant le reste de la saison, et le seul autre conducteur à s’asseoir derrière le cheval hongre a été David Miller.

L’adjoint de Robinson, Nat Varty, qui très souvent s’occupait de l’entraînement aux États-Unis, fit que Western Dreamer a lentement commencé à gravir les échelons. Il a terminé deuxième lors des éliminatoires du Meadowlands Pace et troisième en finale derrière Dream Away et At Point Blank.

Le cheval hongre se forgeait une réputation de concurrent et semblait avoir développé de l’enthousiasme pour la course. Il progressait en compétition. Si bien en fait, qu’il connut une séquence de six victoires comprenant les épreuves Art Rooney et Cane Pace toutes deux disputées à Yonkers. Lors du Little Brown Jug, Western Dreamer a pris les devants lors de l’éliminatoire gagnée par une encolure sur The Wiz, et en finale, il a gagné par cinq longueurs.

Il avait donc en mains deux manches de la Triple Couronne, et la troisième – la Messenger, disputée cette année-là à The Meadows – devait se tenir dans les quelques semaines suivantes.

La soirée avait péniblement commencé. Western Dreamer avait cédé sa manche éliminatoire à Dream Way après avoir établi de modestes temps intermédiaires. L’ambleur l’avait passé alors que Western Dreamer retraitait à la troisième position. Mais les choses allaient s’améliorer quand le cheval hongre a tiré la position à l’intérieur de la rampe pour la finale. Le conducteur Lachance a d’abord laissé Perfect Art prendre les devants, pour ensuite lancer sa vedette en tête avant le premier quart.

Il a franchi la mi-course en 56.2, facilement, et augmenta progressivement sa vitesse en arrière-piste. Lachance n’a jamais donné l’occasion à Western Dreamer de se relâcher alors qu’il se dirigeait allègrement vers la victoire par plusieurs longueurs en 1:51.3, faisant en sorte que ce cheval hongre, le premier depuis Ralph Hanover 14 ans plus tôt, remporte la Triple Couronne des courses sous harnais.

Dame Chance refusa de lui sourire lors de la Breeders Crown, alors qu’il a fini septième, et lors de l’amble ‘Windy City Pace’ où il a échoué pour s’inscrire à la finale. Mais il a tout de même gagné 1 349 401 $ dans sa deuxième saison, son dernier départ en 1997 arrivant exactement un an après son acquisition par les frères Daly à Harrisburg pour la somme de 125 000 $.

L’année suivante, le cheval hongre abaissa sa marque à 1:49 dans une victoire à The Meadowlands et gagna 315 505 $. À l’instar de Staying Together, sa carrière fléchit et il ne gagna que 98 990 $ à 5 ans et on le retira après qu’il n’eut engrangé qu’à peine 7 150 $ en six départs en 2000.

À son arrivée à Kentucky Horsepark, il parut évident qu’il avait transposé ses habitudes en piste pour les amener avec lui à la retraite. « Il a toujours aimé ruer, » de dire Roby. « Il faut être prudent autour de lui. Je comprends qu’il ruait aussi en piste, et que là aussi, le sulky devait lui être enlevé dans le cercle du vainqueur. »

Son compagnon lui, est gentil dit-elle. Mais Western Dreamer possède une qualité qui le sauve, ajoute Roby. Il est de toute beauté.

* * * *

Avec la retentissante dominance des superétalons, les champions hongres tombent trop vite dans l’oubli après leur retraite. Mais Staying Together et Western Dreamer, de toute apparence, ont conjuré le sort. Ils jouissent du meilleur en tout – et à en juger par leurs accomplissements en piste, ils le méritent très bien!

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