Courage et sacrifices nécessaires

Au cours des 12 dernières années passées à travailler dans le domaine des courses attelées, je me retrouve constamment à tourner autour du sujet des bourses et du marketing. Après avoir réalisé une autre des nombreuses présentations Power Point déprimantes démontrant le déclin du pari sur les courses de chevaux, j’ai décidé de lever le pied du frein.

Les chiffres qui suivent reflètent les sommes pariées sur les courses au cours des sept dernières années :

2002 – 862 874 273 $

2003 – 805 556 860 $ (-6,6 %)

2004 – 758 719 148 $ (-5,8 %)

2005 – 730 142 949 $ (-3,8 %)

2006 – 656 110 398 $ (-10,1 %)

2007 – 552 973 835 $ (-15,7 %)

2008 – 489 668 121 $ (-11,4 %) (au prorata des données disponibles à la mi-octobre)

Au cours de cette période, c’est 43,3 % des sommes misées en pari mutuel qui s’en est allé en fumée.

Faut-il rappeler que le pari sur les courses de chevaux est la SEULE forme de financement stable pour la viabilité des courses. Autrement, le produit devient une dépense, complètement consomptible selon le bon vouloir des casinos, des exploitants d’hippodromes et des gouvernements, plus intéressés à refiler l’argent des machines à sous aux écoles et aux hôpitaux qu’aux hommes de chevaux.

Comme l’économie est en repli à l’échelle mondiale, les excuses sont évidentes et toutes prêtes. Ne les écoutez pas. Nous allions déjà à reculons quand l’économie était en santé. En fait, nous avons connu la plus grande période de l’histoire nord-américaine des courses de chevaux lors de la Grande dépression; à ce moment-là, les hippodromes et le pari mutuel offraient une occasion de distraction bienvenue en ces temps de haut taux de chômage et de désespoir.

En 2007, 224 M $ ont été octroyés en bourses aux courses de chevaux au Canada, la majorité de ces fonds provenant des machines à sous. Selon une récente étude indépendante menée au Canada par HLT Advisory Inc., le secteur des courses de chevaux consacre 8 M $ soit 1,6 % de ses recettes totales à la promotion de son sport. Tiré de cette même étude, les bingos y consacrent 27 M $ soit 3,9 %, les loteries 227 M $ soit 6,5 % et les casinos 671 M $ soit 8,9 %.

Le message est clair. Défaut de ne pas réinvestir dans la promotion de notre sport est suicidaire. En sept ans, les Nord-américains ont réduit leurs dépenses en pari mutuel de 373 M $ sur le produit standardbred canadien et nous, pendant tout ce temps, nous avons maintenu notre niveau de promotion à 8 M $.

Si 25 M $ de l’argent des bourses étaient attribués au développement, à la promotion, au marchandisage et aux changements ­technologiques, et si cela se faisait de façon appropriée, l’impact se ferait sentir. Alors pourquoi pas 50 M $? Ce financement serait versé annuellement à un organisme indépendant dont le mandat serait la revitalisation du sport.

À ceux qui seraient tentés de fulminer devant la suggestion d’octroyer de l’argent des bourses à des efforts de promotion, convaincus qu’ils sont que ces fonds perdus entraîneraient le retrait des affaires de professionnels du cheval, voici ce que je suggère : le sport agonise et vous restez là à le regarder mourir, ne faisant rien. Le financement va s’assécher et cette solution cessera d’être une possibilité.

À ceux qui ont le sentiment que les hippodromes ont déjà l’argent nécessaire pour promouvoir le produit, voici une autre réalité. Plusieurs d’entre eux aimeraient bien voir disparaître les courses leur permettant ainsi de développer et de rentabiliser davantage leurs exploitations de machines à sous et de jeux de hasard. Fermez les machines à sous et vous sciez la branche sur laquelle vous êtes assis, vous privant du seul financement qui peut possiblement vous sauver. Vous pouvez forcer quelqu’un à opérer un hippodrome et peut-être à en allumer les lumières, mais vous ne pourrez jamais le forcer à y être sensibilisé. Ceux qui le sont font face à une proposition d’affaire si déconcertante qu’ils ne peuvent pas y arriver tout seuls. Allongez l’argent – suffisamment d’argent, invitez les hippodromes à devenir de vrais partenaires, et allez de l’avant.

Vous êtes devant un vrai défi. En tant que partenaire, vous devez faire des choix difficiles pour enrayer l’hémorragie. Vous devez investir votre argent dans l’affaire. Vous devez envisager la réalité et y faire face.

Parlez-en à vos associations d’hommes de chevaux, écrivez des lettres, faites tout ce que vous devez pour investir et bâtir l’industrie. Ni les paris sportifs, ni les nouveaux développements immobiliers, ni un plus grand nombre de machines à sous ou de casinos ne sauveront ce sport. D’ici à ce que les clients réguliers et potentiels soient convaincus de vouloir regarder et parier sur le produit que nous leur offrons, l’industrie n’est qu’un train qui s’emballe, se dirigeant tout droit au bord du précipice. À chaque dollar de pari mutuel perdu, le besoin d’avoir des chevaux, des écuries et des professionnels du cheval s’en trouve de plus en plus dilué.

La réponse saute aux yeux mais il faudra beaucoup de courage et de sacrifices pour sauver la mise. Le cimetière corporatif est rempli de compagnies et de secteurs industriels n’ayant pas su prendre les décisions prudentes et appropriées qui s’imposaient devant des chiffres inquiétants.

Je veux bien être le mauvais garçon et le dire. Vous pouvez être le héros et agir.

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