Doc

Récemment, lorsque le Dr Ian Moore a été nommé entraîneur canadien de l’année 2023, c’était le point culminant du travail et de la passion d’une vie pour le sport. Le natif de l’Île-du-Prince-Édouard savait depuis son plus jeune âge que ce qu’il voulait faire, c’était d’entrainer des chevaux de course Standardbred, et après quelques rebondissements en cours de route – ainsi que des années passées à étudier pour devenir vétérinaire – il a atteint le sommet de sa profession. Oui, l’homme à chevaux de 70 ans - qui semble en avoir 30 - connaît bien les chevaux de course et, en plus de piloter son propre avion, de jouer au hockey et au baseball, de nager et bien d’autres choses, il trouve d’une manière ou d’une autre le temps d’entrainer des chevaux pour cette grosse écurie. Par Chris Lomon // Traduction Manon Gravel

Lorsqu’il a regardé attentivement la photo et les mots qui l’accompagnaient en dessous, le Dr Ian Moore s’est rappelé la promesse qu’il s’était faite il y a plus de 50 ans.

La photo qu’il a regardée sur son téléphone, une image tirée des pages du journal des finissants du secondaire, a suscité un sourire jusqu’aux oreilles de la part de l’homme qui la voyait pour la première fois depuis des décennies.

« Il n’y a pas si longtemps, quelqu’un m’a envoyé cette photo, et il était écrit sous ma photo que je voulais être l’entraîneur de chevaux le plus instruit – j’ai toujours eu cet objectif en tête. »

Même à l’époque où la vie d’un Standardbred semblait, au mieux, être une longue aventure.

Ayant grandi à l’Île-du-Prince-Édouard, Moore n’avait aucun lien avec les courses de chevaux.

Sa mère avait un dédain pour cela, une aversion motivée par les habitudes de jeu à risque de son propre père.

Mais ce sport et ses stars équines étaient irrésistibles pour un Moore aux yeux écarquillés.

« J’ai commencé à traîner alentours de la piste vers l’âge de 12 ans. Lester Chappell, le concierge de l’école locale, m’y a emmené un jour - l’école n’était pas loin de « Summerside Raceway », à l’Île-du-Prince-Édouard. Quelques jours plus tard, ma mère m’a emmené voir le Carrousel de la GRC à Summerside, et nous avons regardé les courses entre deux. Je suppose que c’est elle qui, par inadvertance, m’a attiré vers les courses. J’ai tout simplement tout aimé. »

Sa relation avec l’éducation était bien plus compliquée.

C’était parfois une source de frictions entre Moore et ses parents.

« En fait, j’ai arrêté l’école deux fois, au grand dam de ma mère et de mon père », se souvient-il en riant. « La première fois, j’étais en Pennsylvanie, et j’ai vu le grand champion Albatross remporter l’Adios, et je me suis dit : ‘J’aimerais gagner une course comme celle-là un jour’. »

« La deuxième fois que j’ai arrêté, c’était après avoir commencé au Nova Scotia Agricultural College (NSAC)... parce que je passais la plupart de mon temps libre au à la piste Truro Raceway. »

À plusieurs reprises, les chevaux et les courses sous harnais ont usurpé ses études. Et c’est pendant ces années universitaires que Moore a finalement acheté son premier cheval.

À l’été 1972, après avoir lâché l’école du NSAC, Ian est allé travailler à Argyle Farm en Ontario et a pris la route avec des chevaux du Dr Russ Furness, un vétérinaire de l’Île-du-Prince-Édouard, qui a connu un grand succès dans les courses sous harnais en tant qu’entraîneur et conducteur sur l’ancien circuit de l’OJC.

Cependant, une conversation avec Furness en août 1973 fut le déclencheur qui incita Moore à retourner dans les Maritimes et à l’école.

« Il m’a fait asseoir fin août et m’a dit que je devais rentrer chez moi et aller à l’école. Je suis donc rentré chez moi et je suis retourné au NSAC – c’était après avoir arrêté deux fois. »

Moore a également reçu un cadeau spécial à emporter avec lui.

« Dr. Furness m’a fait fabriquer un coffre en bois, peint en bleu, blanc et noir, avec un « M » dessus.  Je l’ai encore aujourd’hui, mais je ne l’utilise plus. »

De retour dans les Maritimes, Moore a résisté, au moins pendant un certain temps, à l’envie d’aller à l’hippodrome ou de dépenser de l’argent pour acheter un cheval.

Mais comme il l’a découvert, résister aux deux était plus facile à dire qu’à faire. Et la vue qu’il avait depuis un certain endroit de son dortoir mettait régulièrement sa volonté à l’épreuve.

« Je suis retourné à l’école en 1973 et je n’ai pas eu de cheval ce semestre-là. Je suis resté à l’écart de la piste, même si c’était difficile car au troisième étage du dortoir dans lequel je vivais, je pouvais regarder par la fenêtre et voir les lumières du Truro Raceway. »

Cette maîtrise de soi avait cependant ses avantages, notamment des notes plus élevées et une aubaine inattendue.

« J’ai fini avec une moyenne de 72 et le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard m’a donné une bourse de 600 $ parce que j’ai très bien réussi à l’école. Eh bien, devinez ce que j’ai fait avec cet argent ? »

La bonne réponse à cette question, dans le langage des courses, est une victoire à 1/9.

« J’ai acheté un cheval nommé Chris Pat. J’ai recommencé à entraîner sur la piste et je suis resté à l’écurie avec Cyril Smith, qui est le père de Clark Smith, également un entraineur talentueux de l’Île-du-Prince-Édouard.  J’étais le forgeron et je conduisais les chevaux de Cyril. »

Moore, semblait-il, avait enfin trouvé un équilibre entre études et chevaux.

« J’ai travaillé fort pendant quand j’avais les chevaux et j’ai fini avec une moyenne de 76 au printemps… J’ai donc obtenu mon diplôme en 1975. »

Ça été une période qui a changé la donne pour Moore, tant sur le plan académique que sur le plan des courses.

Pour la première fois, il croyait pouvoir trouver le bonheur dans les deux.

« Je voulais devenir entraîneur de chevaux et, deuxièmement, après la discussion avec le Dr Furness, je voulais retourner à l’école. J’ai été accepté au Collège St. Clair de Windsor, ou j’aspirais à devenir technicien en santé animale. »

« Je me souviens d’être assis sur les marches devant la maison de mes parents, attendant d’aller au terminus d’autobus pour ensuite embarquer et faire la route vers Windsor, et mon père m’a dit : ‘ Tu ne veux pas être technicien - tu veux être celui qui embauche le technicien’ »

La réalisation de cet objectif comporterait son lot de rebondissements.

Pourtant, Moore, qui avait rencontré sa future épouse Nancy au lycée, se sentait plus confiant que jamais dans sa capacité à faire face à n’importe quel obstacle.

« Je n’ai pas été admis à l’école vétérinaire la première fois que j’ai postulé – je suppose que mes notes n’étaient pas assez bonnes. La seule option que nous avions était le Collège vétérinaire de l’Université de Guelph. Ils avaient une classe de 120 personnes et n’acceptaient que six personnes de la région de l’Atlantique. »

Finalement, il a été accepté. Et à juste titre, les chevaux ont également joué un rôle important au cours de ses années à Guelph.

« Finalement, je ne suis pas allé à Windsor », partage Moore. « Avant d’entrer à l’école vétérinaire, Nancy et moi sommes allées ensemble à l’Université de Guelph. Je suis allée au Collège d’agriculture de l’Ontario et j’ai étudié les sciences animales, et elle (Nancy) s’est spécialisée en psychologie. Elle a pris ça pour essayer de me comprendre », dit-il, en riant.

« Nous avions entre un et trois chevaux ensemble, et c’est ainsi que nous avons payé nos études. Nous en avons eu un sympa nommé Saunders Glory. Au cours de nos trois années aux études, il a gagné un peu moins de 70 000 $, ce qui était énorme à l’époque. Nous avons acheté une petite maison à Guelph pour 28 000 $ et nous l’avons vendue pour 38 000 $ lorsque nous avons obtenu notre diplôme. J’ai donc eu le meilleur des deux mondes. »

« Lorsque nous avons fini nos études – j’ai obtenu mon diplôme de technique animale en 1977 – je me suis davantage concentré sur la carrière de vétérinaire. Je n’avais pas de prêt étudiant à rembourser – je payais les factures grâce aux chevaux que nous possédions. Nancy a ensuite obtenu 2 500 $ en prêts étudiants, que nous avons pu rembourser. Tout cela était grâce aux chevaux. »

Des chevaux comme Flying Caper, un ambleur, fils de Flying Bret, qui avait été envoyé à Moore par le respecté horseman néo-brunswickois Marcel Barrieau.

Les devoirs, les chevaux et les sports étaient la « trifecta » de Moore.

« Je n’ai jamais eu plus de trois chevaux lorsque j’allais à l’école vétérinaire. J’étudiais beaucoup et je jouais au hockey, au ballon-balai et au volleyball universitaire - mon temps était assez limité. Mais j’aimais tout ça. »

La première expérience professionnelle de Moore a été beaucoup moins mémorable. C’est alors qu’il découvre que la vie de bureau n’est pas pour lui.

« J’ai fini par obtenir un emploi au ministère de l’Agriculture en tant que spécialiste de la gestion agricole – je détestais ça. J’y suis resté environ deux à trois semaines et je n’en pouvais plus. Pendant que je travaillais là-bas, j’ai été accepté au Collège vétérinaire de l’Ontario (OVC), qui a ouvert ses portes en janvier 1978, alors j’ai quitté mon emploi et je suis parti. »

Après avoir obtenu son diplôme de l’OVC, Moore a rapidement acquis une réputation de vétérinaire respecté dans sa province d’origine.

« L’Île-du-Prince-Édouard étant si petite, je devais être disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à mon cabinet », se souvient-il.  « Lorsque l’occasion s’est présentée, en 1996, de travailler pour le Collège vétérinaire de l’Atlantique, à l’Île-du-Prince-Édouard, j’ai décidé de faire ça à la place. J’ai créé le service ambulatoire équin pour le collège et j’y suis resté durant 13 ans. »

La carrière de Moore dans l’entrainement des chevaux, qui avait officiellement débuté en 1971, a connue quelques succès au fil des ans, notamment une campagne de 17 victoires avec un UTRS de 0,501 en 1993.

Buddy Hanover, un fils de Big Towner, a été plusieurs fois vainqueur pour Moore cette saison-là.

« Pendant plusieurs années, je n’avais qu’un ou deux chevaux, mais je voulais que l’un d’eux soit un cheval de première classe de l’Île-du-Prince-Édouard, afin de ne pas être en conflit avec la plupart des gens pour qui j’avais travaillé. »

« Cela a duré ainsi pendant un certain temps, et nous avions de bons chevaux pendant cette période. J’avais de bons partenaires et de bons propriétaires, ce qui rendait cette expérience encore plus gratifiante. »

Un cheval du nom d’Astronomical allait finalement être celui qui ferait passer Moore du statut d’étoile montante à celui de talent établi.

Il a remarqué le fils d’Astreos lors de l’encan de yearlings Atlantic Classic à l’automne 2003, et lorsque Hip #75 a été présenté, Moore était convaincu que le cheval bai avait un brillant avenir en réserve.

Il n’y avait qu’un seul problème : le prix. Il a fallu 10 000 $ au Doc pour l’obtenir.

« Quand je l’ai vu à l’encan, il avait l’air parfait, mais je n’avais pas les 10 000 $. J’ai cherché des partenaires et j’ai fait appel à William Shearer et Ron McLellan. Ron trouvait que j’avais payé trop cher pour lui, alors je lui ai donné la chance de ne pas faire partie du groupe de propriétaires. Mais il a quand même décidé d’embarquer. »

Moore a payé sa part de deux manières, notamment par l’entrainement et le travail vétérinaire.

« J’ai pu le rembourser en trois ou quatre mois environ », partage-t-il.

Astronomical allait facilement être rentabilisé et bien au-delà.

Moore était sur le sulky pendant tous les départs du poulain de deux ans, sauf un, en 2004, et à de nombreuses autres reprises au cours des 121 courses du cheval, mais il y a eu une performance qui a fait tourner les têtes en septembre de cette saison, alors qu’il avait 2 ans, qui est ressortie du lot.

« C’était un très bon poulain de deux ans, incluant un départ à l’Île-du-Prince-Édouard, où il a établi le record de piste sur l’ancienne piste, en 1:56 », a rappelé Moore à propos de la victoire par 30 longueurs et du record qui l’accompagnait qui était vieux de 12 ans.

Il est ensuite parti pour l’Ontario, mais sans la confiance en ce poulain qu’avait le Doc Moore, ce qui a suivi ne serait peut-être jamais arrivé.

« Nous étions en train de préparer son expédition en Ontario lorsque mon téléphone a sonné : c’était Peter Heffering. Le cheval était un fils d’Astreos et il était en service à Tara Hills. Ils nous ont proposé 300 000 $ pour lui mais j’ai dit « non ». Il ne pouvait pas croire que j’avais refusé ce genre de somme… Je ne pense pas qu’il était très content de moi », rit Moore.

« Nous l’avons emmené en Ontario, où il a remporté les courses de la Gold Series et s’est bien comporté là-bas également. Il a changé les choses pour moi. »

Changé les choses, vraiment.  Astronomical a gagné plus de 400 000 $ lors de sa deuxième saison et a continué à courir jusqu’à l’âge de sept ans pour ses propriétaires, prenant des départs en cours de route dans des courses comme la « North America Cup » et la « Confederation Cup », ainsi que plusieurs « Gold Cup et Saucer » faisant un retour à l’Île-du-Prince-Édouard.

Après avoir pris sa retraite avec un peu moins de 800 000 $ de gains en carrière, débuta la modeste carrière d’étalon d’Astronomical qui a donné le vétéran ambleur Casimir Richie P (p, 1: 49,1 s; 475 078 $), un cheval développé et entraîné pour plusieurs victoires dans les courses du  « WEG Preferred » par Doc Moore lui-même.

Après Astronomical, d’autres succès ont rapidement suivi.

La liste des champions sous la tutelle de Moore est longue et impressionnante.

Malicious, State Treasurer, Shadow Play, Arthur Blue Chip, Rockin In Heaven, Percy Bluechip, Century Farroh, Lawless Shadow, Stockade Seelster, Tattoo Artist - tous ont laissé leur marque sur le circuit, et certains, au-delà de la piste, dans les écuries de reproduction.

Quant à savoir lequel a été le meilleur avec lequel il a été en contact, Moore fournit une réponse rapide à la question.

« Shadow Play, bien sûr. Il était incroyable comme cheval de course, et c’est aussi un étalon reproducteur exceptionnel. »

L’intronisé au Temple de la renommée des courses de chevaux canadiens en 2022 était un champion du monde. Ses victoires incluent le Little Brown Jug, l’Adios et le US Pacing Championship, pour n’en nommer que quelques-uns.

Fils de The Panderosa-Matts Filly, Shadow Play a obtenu un 20-9-5 en 49 départs, avec 1 559 822 $ de gains en bourse tout en prenant une marque de 1: 47,4 en cours de route.

Pas mal pour un achat de 16 000 $ lors de l’encan de yearlings « Black Book » en 2006.

En tant que reproducteur, Shadow Play a produit six millionnaires, dont le Standardbred le plus rapide du monde, Bulldog Hanover, ainsi que Desperate Man, Lady Shadow, Backstreet Shadow, Kendall Seelster et Percy Bluechip.

« C’était un grand athlète », a mentionné Moore, avec admiration. « Ce qu’il a fait sur la piste et en tant qu’étalon est vraiment incroyable - tout simplement incroyable dans tout ce qu’il a fait. »

On peut en dire autant de Moore.

Récipiendaire à deux reprises du prix O’Brien du « Gentilhomme » au cours de la dernière décennie, Moore a récemment remporté son premier titre d’entraîneur canadien de l’année aux prix O’Brien 2023.

Ce fut un triomphe mérité pour l’entraineur de longue date, rendu encore plus spécial par la remise des prix dans son Île-du-Prince-Édouard natale.

« Cela me touche énormément. Je me sens également très honoré d’être reconnu comme finaliste. Il y a beaucoup d’entraîneurs qui sont peut-être plus méritants que moi, alors cela signifie beaucoup. Je suis très reconnaissant envers tous ceux qui travaillent avec moi, les propriétaires et partenaires, ainsi que les merveilleux chevaux. »

Moore en avait en abondance en 2023.

L’homme de 70 ans a franchi une étape importante dans sa carrière en éclipsant les 3 millions de dollars en bourse dans une saison pour la première fois en 2023, une campagne qui comprenait une victoire dans le Canadian Pacing Derby, gracieuseté de l’étalon plus âgé, Tattoo Artist. Lui-même lauréat d’un des prix O’Brien Award, Tattoo Artist a réalisé une saison d’un million de dollars tout en augmentant ses gains en carrière à 3,2 millions de dollars avant de se retirer au haras.

« Il semble que dans chaque course que nous avons disputée avec lui, il n’y a jamais eu un moment où j’ai été déçu qu’il n’ait pas donné le meilleur de lui-même à 100 %. Je ne peux pas en dire autant de beaucoup de chevaux, mais je peux certainement le faire de lui », a lancé Moore.

Les moments forts ne se sont pas arrêtés là.

Moore a entraîné Stockade Seelster, lauréat d’un O’Brien Award, l’un des poulains étoiles, à trois ans, du programme Ontario Sires Stakes, ainsi que les meilleurs efforts dans des événements de renom aux États-Unis. Moore était également l’entraineur de Storm Shadow et Clever Cody, les deux ans poulains ambleurs, champions « sire stakes » respectivement en Ontario et en Ohio.

Travailler avec et développer de jeunes chevaux est devenu un travail de passion pour Moore.

« Depuis l’époque « Astronomical », je suis passé des chevaux de course, que j’avais autrefois, à l’entraînement de jeunes chevaux.  J’aime ça.  J’ai entraîné de jeunes chevaux ici en Floride et je les ai envoyés courir dans le nord au printemps. »

Ce changement s’est accompagné d’un changement dans son approche de son métier d’entraîneur.

Moore a également réuni une équipe de premier ordre pour l’aider à gérer la charge de travail.

« Il était devenu difficile d’acheter des chevaux de course, alors l’une de mes approches était de créer les miens, en les achetant yearlings et en les transformant en chevaux de course. »

« C’est pourquoi j’ai de bons partenaires - probablement quelque part dans la trentaine - ce qui rend les choses beaucoup plus faciles. »

Moore, qui possède une licence de pilote et possède un avion qu’il fait voler aller-retour en Floride chaque année, n’est pas intéressé à voler en solo avec sa carrière de pilote comme il le faisait autrefois.

Il y a quelques années, Doc Moore a reçu un diagnostic d’arythmie cardiaque (lorsque les signaux électriques qui indiquent au cœur de battre ne fonctionnent pas correctement).

« C’était dû au stress, et cela semblait toujours se produire vers le mois d’août. Ces dernières années, grâce aux changements que j’ai apportés à mon mode de vie, je n’ai eu aucun problème. »

La dépendance envers les autres est devenue un élément essentiel de sa vie Standardbred, en tant qu’entraîneur et vétérinaire.

« Il faut beaucoup de choses pour bien faire les choses. Vous avez besoin de bonnes personnes, de bons palefreniers, de bons entraîneurs, de bons entraîneurs adjoints, de bons propriétaires, de bons partenaires, d’un bon programme d’alimentation - il y a beaucoup de choses dont vous avez besoin pour que cela fonctionne lorsque vous avez de jeunes chevaux. »

« J’ai eu tellement de chance de pouvoir travailler avec ces bonnes personnes au fil des années. Beaucoup de gens ont travaillé pour moi au fil des années du côté vétérinaire. J’ai appris à quel point il est important de bien traiter les gens et de les respecter exactement comme je voudrais être traité. Je m’appuie sur leurs connaissances et je leur demande leur avis. »

Bien que beaucoup de choses aient changé dans la façon dont il gère ses courses, une constante pour Moore, qui habite à Cambridge, en Ontario, est le style de vie qu’il aime en dehors des hippodromes.

La vie sédentaire n’est pas pour lui.

« Mon énergie diminue un peu au fil des années. Pour moi, cette [haute énergie] a été toute ma vie. J’ai eu une conversation avec le Dr Barry Ling - il possédait des chevaux avec Mike McDonald de l’Île-du-Prince-Édouard - un jour dans un ascenseur. Je conduisais des stock-cars à l’époque, et il m’a dit : « Pourquoi un vieux gars comme toi conduit-il des stock-cars ? » J’ai dit : « Eh bien, quand je serai dans une boîte, je ne pourrai pas le faire, ça c’est sûr ». »

« Cela pourrait être une longue vie, alors autant la vivre pleinement et profiter de la danse pendant que vous êtes ici. »

Le calendrier de Moore est toujours plein, même en dehors de la saison des stakes, qu’il s’agisse de ses baignades quotidiennes, de son envol pour une tournée au Sunshine State, de sa partie de baseball une fois par semaine ou de chausser ses patins pour jouer au hockey deux fois par semaine.

Il a brièvement envisagé l’idée d’abandonner le hockey, mais lorsqu’il a vu un visage familier aux informations, il a rapidement changé d’avis.

« J’allais arrêter le hockey cette année parce que j’ai beaucoup plus de points douloureux qu’avant. Je regardais CBC News depuis Charlottetown sur mon téléphone et ils ont interviewé Gerard Smith, qui est un officiel de longue date des courses à l’Île-du-Prince-Édouard. Il a joué au hockey et au baseball de haut niveau dans sa jeunesse - il a maintenant 81 ans - et il joue toujours au hockey, même après un an avec une blessure au genou. »

« Ils lui ont demandé s’il était trop vieux pour jouer au hockey et il a répondu : ‘On ne vieillit pas en jouant au hockey, on vieillit en arrêtant de jouer au hockey’. Je me suis tourné vers Nancy et lui ai dit : « Je dois continuer à jouer au hockey. »

Deux côtes cassées, résultat d’un accident à l’entraînement matinal à l’hippodrome en février dernier, ont limité Moore à une poignée de matchs de hockey l’an dernier. Une blessure à l’épaule il y a deux ans qui nécessitait une intervention chirurgicale – du moins c’est ce qu’on a dit à Moore.

« Nous avons une petite piscine ici en Floride. Je devais me faire opérer à l’épaule, mais je ne l’ai pas fait à la dernière minute car je ne voyais pas comment je pourrais diriger une écurie de jeunes chevaux. Je pouvais lancer par-en-dessous lorsque je jouais à la balle lente, mais la natation a vraiment aidé mon épaule - je peux lancer par-dessus presque aussi bien qu’avant. Et je peux toujours jouer au hockey et tirer la rondelle assez bien. »

Même s’il n’a pas les mêmes mouvements astucieux que ses collègues vedettes de la LNH des Maritimes, Sidney Crosby et Nathan MacKinnon, Moore n’a guère l’air déplacé lorsqu’il joue avec et contre des hommes de la moitié de son âge.

« Je me sens bien. Je joue le dimanche avec des 20 ans et le mercredi, c’est un championnat des plus de 35 ans. Je suis le plus âgé, mais ils doivent quand même parfois m’attraper. »

« La veille de notre vol vers l’Île-du-Prince-Édouard pour les O’Briens, j’ai en fait joué un match à 23 heures. Je suis rentré à la maison un peu après une heure [du matin] et j’ai réveillé Nancy à 3 h 15 [du matin] pour que nous puissions arriver à l’aéroport », rigole-t-il.

Ralentir sur la patinoire ou sur la piste de courses n’est évidemment pas à l’ordre du jour pour l’instant.

Moore a envisagé de ralentir dans les deux cas, mais ces pensées sont éphémères.

Même s’il sait que ce moment est inévitable, sa philosophie, que ce soit dans sa carrière ou dans ses activités personnelles, restera axée sur l’avenir.

« En fin de compte, toute ma vie, j’ai toujours essayé de mettre le plus que je pouvais possible dans 24 heures. Pourquoi changer ça maintenant ? »

« De temps en temps, je dis à Nancy - elle m’a accompagné tout au long du trajet pour profiter de la balade et a été un roc dans mon coin pendant si longtemps - que nous devrions peut-être réduire le nombre de chevaux ou se retirer tranquillement, mais elle dit toujours la même chose:  « Laisse-moi en douter ».  Je serai probablement toujours occupé. Je ne prendrai jamais ma retraite pour rester assis devant la télé toute la journée », promet-il.

Comme à certains moments de son dortoir universitaire, Moore regarde souvent par la fenêtre chez lui en Floride chaque matin.

Même s’il ne voit plus les lumières de l’hippodrome comme autrefois, il ressent le même sentiment de bonheur lorsqu’il tire les rideaux.

« La vie devient plus dure, mais l’amour des courses et du travail vétérinaire est toujours là. J’ai récemment reçu un appel ici en Floride pour venir voir un cheval qui avait une vilaine coupure à la jambe. Alors, je l’ai fait. Peut-être que j’ai un peu grogné en sortant, mais quand je suis arrivé, j’ai aimé aider. J’aime chaque minute de course et d’aider les gens. Et quand je vois le soleil briller, ça me fait du bien. »

Tout comme le fait de savoir que l’étudiant de longue date de la « game » a été à la hauteur des mots trouvés dans son journal des finissants universitaire.

« Je voulais être l’entraîneur de chevaux le plus instruit possible. Je ne me suis pas vraiment facilité la tâche, mais je suppose que je peux dire que c’est finalement chose accomplie. »

DR. IAN MOORE STABLES HONOUR ROLL

TATTOO ARTIST p,1:47.1s ($3,272,258)

STATE TREASURER p,1:47 ($2,072,450)

STOCKADE SEELSTER p,3,1:48.4s ($1,595,158)

SHADOW PLAY p,1:47.4 ($1,559,822)

CENTURY FARROH p,1:49s ($1,557,016)

PERCY BLUECHIP p,3,1:51.1f ($1,023,216)

ROCKIN IN HEAVEN p,1:49.2s ($1,012,233)

LAWLESS SHADOW p,3,1:48.2f ($995,579)

MALICIOUS p,1:50.1f ($810,712)

ASTRONOMICAL p,1:50f ($782,873)

WELLTHEREYOUGO p,1:51.3h ($721,705)

CLASSIC PRO p,3,1:51s ($671,687)

ARTHUR BLUE CHIP p,1:50.1f ($552,759)

CASIMIR RICHIE P p,1:49.1s ($475,078)

IMPECCABLE p,1:51.1s ($465,986)

CLEVER CODY p,2,1:50.4s ($415,810)

GREATEST ENDING p,3,1:50.3f ($399,559)

STORM SHADOW p,2,1:51.1s ($375,154)

ODDS ON PLATINUM p,2,1:52.2s ($370,207)

GOOD WILL HANOVER p,3,1:50s ($368,314)

Cet article a été publié dans le numéro de mars de TROT Magazine.

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